Nous avons tous nos raisons de commencer un sport sur le tard dans la vie.

Pour beaucoup, plus nous vieillissons plus nous éprouvons ce besoin de nous dépenser. Faire simplement travailler son cœur, perdre ce ventre qui, passé 30 ans à tendance à prendre ses aises, fuir les contrariétés liées au travail ou à sa vie personnelle …etc… . Les raisons ramènent finalement toujours à la même idée générale, plus on avance en âge, plus on cherche à se sentir bien.   

Emmanuel qui a rejoint l’équipe de Clean Hugs il y’a un an maintenant, fait parti de ces personnes qui ont commencé un sport sur le tard justement. Il débute le jujitsu brésilien à l’âge de 42 ans et sa raison à lui de se mettre au sport est qu’il a failli mourir.  

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Manu (on va pas faire semblant qu’on l’appelle Emmanuel au bureau hein…) en 2014 à 41 ans, marié depuis 22 ans et père de deux enfants de 2 et 8 ans.

Un jour son oeil droit le gêne, il a des flash lumineux accompagnés d’une légère baisse de la vision. Comme souvent lorsque travail beaucoup, que notre vie passe à cent à l’heure, on ne prend pas le temps de s’inquiéter. Manu laisse passer 6 mois en faisant avec ce “petit désagrément”. Le lundi premier décembre, il part travailler malgré une baisse considérable de la vision, son côté gauche se trouve quasiment dans le noir. Il appelle son ophtalmo qui à l’énoncé des symptômes lui demande de venir le voir immédiatement. Dès le lendemain, Manu se présente aux urgences ophtalmologiques de l’hôpital Rotschild ou s’enchainent pendant 2 jours entiers des examens, des entretiens, des attentes interminables dans l’ignorance la plus totale de sa condition. Le vendredi matin le verdict tombe, une tumeur dans l’oeil. Son état étant trop avancé pour l’opérer sur place, Manu doit se rendre le lundi suivant à l’institut Marie Curie

Melanome Choroidien, voilà le mal qui ronge le corps de mon ami depuis 6 mois maintenant. En deux jours, Manu apprend qu’il va subir une énucléation de l’oeil droit, qu’il devra vivre avec une prothèse et une vision en deux dimension pour le reste de sa vie. 

Nous sommes en 2015. Une dizaine de mois sont passés depuis l’opération, tout va bien, Manu s’habitue à sa prothèse et à sa nouvelle condition. Il est dorénavant un handicapé. Voilà un terme qu’il n’arrive pas encore à manier avec aisance, non par non acceptation, mais par peur que les gens le perçoivent différemment. Le regard des autres oui mais le sien aussi. Il n’est pas mort, il est bien vivant et a besoin de s’en assurer. Il reprend le travail avant même la fin de son arrêt maladie pour ne pas rester chez lui et ressasser. Mais il me confiait lors de notre discussion il y a deux semaines qu’il avait besoin de plus. Il avait besoin de vérifier qu’il n’était pas fini et surtout veut transformer cet épisode terrible dans la vie de sa famille en une leçon. Une leçon que ses enfants, sa femme, neveux, amis proches et moins proches doivent retenir. On ne doit jamais abandonner. Et aujourd’hui encore 5 ans après, dans ce bureau je suis assis en face de lui et je comprends le message que mon collègue veut me faire passer.  On ne doit jamais abandonner. Ni par peur, ni à cause d’une maladie ou de la perte de quelqu’un, on ne doit jamais abandonner.  

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Il décide donc de continuer à se battre. Il accepte de participer à un groupe d’étude et subir régulièrement des tests physique, douloureux, invasifs et chronophages. Il veut servir aux prochains, il veut apporter sa contribution à la recherche sur cette maladie finalement assez rare. Cela ne lui suffit pas, il veut prouver / s’assurer que sa vie n’est pas finie! Ayant pratiqué un peu de boxe pied poing avant son opération et en fan de la première heure de MMA (qu’il découvre comme tout le monde avec l’UFC 1), il se lance dans le jiujitsu brésilien la partie grappling du mixed martial art. Sa prothèse oculaire ne lui permettant plus quelque striking que ce soit, il se tourne vers un sport de préhension. Le premier directeur de club auquel il se présente et explique sa condition, lui dit clairement qu’il ne peut pas l’accepter car il est handicapé, il ne veut pas prendre de risque. On ne doit jamais abandonner ! Il tente un deuxième et c’est parti, il démarre une semaine après ! 

 Je m’entraîne régulièrement avec Manu, je travaille tous les jours avec Manu et j’oublie que Manu est handicapé. Il s’entraîne avec des valides, ne parle jamais de son oeil lors de ses combats et en janvier il participera aux championnats d’Europe de jiujitsu brésilien. Si on vise un résultat, on ne se lance pas dans une compétition de cette envergure à la légère. 

Quand je lui demande pourquoi, à son âge et après avoir vécu cette épreuve, il a besoin de s’infliger ça, il rigole en me disant que, justement, tout passe trop vite et qu’il ne veut rien regretter ! Je ne peux qu’approuver. Ma réflexion aujourd’hui est qu’il est dommage que nous ayons à vivre une expérience comme celle de Manu, risquer de tout perdre pour se rendre compte de ce que nous possédons. Alors allons y, profitons de son expérience et vivons, challengeons nous, ne reculons pas devant un “non” ou un échec, retenons cette leçon, on ne doit jamais abandonner. 

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